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KOLAM
2 février 2008

Juste cause

Je me pose la question de savoir si la condition de la femme en Inde est vraiment si difficile ou si mon parcours me confronte à des expériences de vie harassantes. Je ne voudrai en aucun cas paraître catégorique et affirmer des vérités détournées par mon regard d’Européenne qui pourrait heurter un Indien. Ou encore passer pour une féministe endurcie haïssant « l’autre genre ».

Je n’exclue pas la possibilité que certaines épaississent leur récit pour obtenir l’aide d’un « blanc » auréolé du sigle du dollar. Au cours de mon voyage pourtant, les histoires affluent plus marquantes les unes que les autres et surtout des histoires de femmes. Quel est le taux de mortalité masculine en Inde ? J’ai l’impression que les disparitions d’hommes sont fréquentes ici : problèmes de santé, accident professionnel, abandon du domicile conjugal…Tous ces risques sont quotidiens et viennent cimentés les drames familiaux.

Il arrive que les veuves soient heureuses de perdre leur « époux imposé » dans la mesure où elles sont en mesure de trouver asile et moyen de subsistance. Pour d’autres ce statut est un calvaire. Les us et coutumes indiennes ne sont pas tendres avec elles. Une veuve est tondue ou ira offrir sa chevelure au temple. Je crois me souvenir d’un reportage récent dénonçant le profit que certains captaient de cet usage en revendant ensuite ces toisons de jais à des perruquiers pour riches dégarnis. A Tirupathi, à la lisière de l’Andra Pradesh et du Tamil Nadu, existe l’un des temples les plus riches de l’Inde. Perché sur la montagne, ce grand centre de pèlerinage accueille chaque jour quelques 6000 pèlerins venant offrir leur chevelure aux dieux. Souvent incorporée à la belle famille et tout aussi fréquemment soumise aux caprices d’une belle-mère se vengeant des années où elle a elle-même souffert d’un tel joug en sa qualité de belle-fille, l’épouse peut-être pour ainsi dire expulsée (hiver comme été) avec sa progéniture. Elle ne représente plus alors qu’une bouche supplémentaire à nourrir et cela n’arriverait probablement pas si on avait une « dot remboursable » en cas de départ anticipée. Que je suis procédurière ! Pour des raisons de sécurité, cette femme rejetée doit rester dans la même rue ou ses proches environs car elle y est connue. Ailleurs, elle apportera le mauvais œil ou on lui manquera de respect.

Pour les amateurs de cinéma d’auteur, j’ouvre une petite parenthèse pour conseiller un film de Deepak Metah (orthographe à vérifier) intitulé « Water » qui est un petit bijou, cette même réalisatrice a egalement tourné « Fire » et « Earth».

Je garde le meilleur pour la fin, une note d’espoir. Il se trouve que la grande majorité des associations indiennes ou occidentales favorisent les aides aux femmes et aux femmes isolées, veuves, abandonnées. Le soutien à une femme sans homme offre davantage de garanties de réussite. L’idée répandue - et sans doute avérée - est que les hommes boivent l’argent. Encore faut-il que le mari ne soit pas remplacé par un oncle, un frère ou autre référent de la gente masculine tout autant despotique qu’alcoolique.

L’association Parrainage soutient depuis 7 ans ces femmes seules et défavorisées. Chaque famille est liée à un ou plusieurs parrains à qui elles donnent régulièrement des nouvelles et réciproquement. C’est d’ailleurs un parrain venant rendre visite à sa famille qui m’a fait découvrir l’association qui soutient aujourd’hui une centaine de femmes. Parmi ces femmes, des dessinatrices de kolam, - plein - et parmi ces femmes, des familles qui n’ont pas encore de parrains.

J’ai donc rencontré deux familles en attente.

La famille « sourire » : Jothi, la maman et ses deux filles Shalini et Nishanthi qui ont réalisé, en harmonique, un « rangoli » (kolam coloré) en trio.

Jothi1

La famille « O les filles, o les filles » avec Rajeswari (la maman), Kowsalya (la grand-mère) et les deux fillettes Sathiyavathi et Nivetha. Rajeswari gagne une partie de son salaire en dessinant matin et soir les kolams pour 6 maisons différentes.

rajeswari2

Les trois drôles de dames (Lissy, Kalaï et Ernestine) de l’association se chargent de mener une enquête de mœurs et de voisinage poussée afin de se prémunir des « pique-assiettes » qui ne manquent jamais d’audace et développent aujourd’hui du soutien scolaire pour les enfants de ces familles qui se trouvent en difficulté. La présidente de l’association, Evelyne, repart ce soir pour la France. Chaque année, son entreprise lui accorde deux mois de congés sans solde qu’elle consacre à l’association.

Information utile, l’adhésion à l’association Parrainage est de 30 Euros par an et 240 Euros pour soutenir une famille. Les coordonnees de l'association sont dans une chronique precedente.Alors, si vous cherchiez une juste cause à défendre…

flowerpower

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Commentaires
P
Salut sev, tout a fait d' accord pour aider l' assoc dont tu parles en aidant par ex une des fanilles dont tu parles j' ai pas tres bien compris qui sont les "pique assiettes", entous les cas j' aimerais avoir l' adresse de nouveau pour ne pas ne tromper.Biz Pascale
KOLAM
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